La première fois que j’ai eu 30 ans

La première fois que j’ai eu 30 ans

Depuis une semaine, j’ai cette (affreuse) chanson d’Etienne Daho dans la tête « C’est le premier jour du reste de ta viiiiie ». Mon unique et préféré beau-frère m’a fait remarquer que le tiers de ma vie s’était à présent écoulé…  Calcul que je trouve hautement optimiste vu que je n’ai pas l’intention de sucrer les fraises jusqu’à 90 ans ! Je ne t’ai pas fait, lectrice fidèle, de bilan de fin / début d’année mais comme depuis deux jours, j’ai la grande joie de faire partie du club des 3, je me permets quelques constats perso en forme d’auto-persuasion, « je vais bien, tout va bien ».

Constat n°1 : c’est fou comme on se bonifie avec le temps
Quand j’avais 15 ans, je ne savais pas qui j’étais. Je me laissais porter par la vie, les gens, les évènements. J’appuyais ma tête contre la vitre de la voiture en écoutant mon Walkman, le regard lointain. Je me la racontais artiste, poète incomprise.

Quand j’avais 20 ans, je ne savais pas où j’allais. Je faisais des études que je réussissais plutôt bien mais sans grands débouché. Je n’arrivais pas à me projeter, à donner du sens à ce que je faisais. Je me mettais beaucoup de freins et j’avais peur de tout.

Quand j’avais 25 ans, je n’aimais pas ma vie. J’avais trouvé du travail très facilement. Je vivais dans une nouvelle ville mais sans la connaitre, ni l’apprécier. Je découvrais la vie à deux mais sans en profiter pleinement à cause de la place que prenait mon travail au quotidien. J’étais dans un tunnel et il manquait des éléments pour me rendre heureuse.

Aujourd’hui j’ai 30 ans ! J’aime assez ma vie. J’ai l’impression d’avoir pris les choses en main, de maitriser à peu près les choses. J’ai trouvé l’équilibre entre le travail et la vie en dehors, j’ai trouvé une ville que j’aime. J’ai développé cette part de création qui me manquait.

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Constat n° 2 : tout s’accélère !
Quand je pense au temps qu’il m’a fallu pour atteindre mes 20 ans, à ces journées, ces mois, ces années qui ne passaient pas, je me demande comment j’ai pu arriver si vite de 20 à 30 ans. En un battement d’aile de papillon !

Et maintenant, ça accélère encore : mes copines font des bébés à la pelle, tout le monde se marie, se case ou part faire le tour du monde, les vieux te regardent de travers « Alors, mariée depuis 3 ans et toujours pas de bébé ? ».  J’ai des conversations improbables où il est question de taux d’endettement, de crédit sur 25 ans (et ça m’intéresse, c’est ça le pire).  Dans quelques mois, j’aurais un appart’ à moi (un demi appart’ pour être précise, Chéri-Mari) – Battements de cœur – je crois que cette fois ça y est, je deviens grande.

Constat n° 3 : dans le club des 3, fais ce qu’il te plait !
Pour moi, avoir 30 ans, c’est avant tout se libérer des contraintes, du regard des autres, de cette peur qui te bloque quand tu es jeune et qui t’empêche d’agir. Notez l’utilisation du mot « jeune » dans cette phrase qui dénote quand même de l’âge de la locutrice.

Maintenant, je fais ce que je veux. Bien-sûr que j’ai des contraintes et il va falloir que je continue de me lever le matin pour payer mon loyer et bientôt mon crédit. Bien-sûr que maintenant quand je me couche à minuit en semaine, je mets de l’anticerne le lendemain. Oui, j’ai déjà fait un chèque de 1500 €, moment douloureux dont je préfère ne plus parler.

Mais au fond, je sais bien que dans ma tête j’ai 12 ans, je peux rire comme une dinde de trois fois rien. Je bats des mains devant un coupon de tissu ou une jolie pelote de laine, mets en scène mes foirages DIY aussi bien que mes réussites. Mais je peux rester des heures à bidouiller avec un peu de colle et quelques perles.

J’ai pris le meilleur des deux : l’autonomie des trentenaires, le grain de folie de l’enfance et ça me donne un grand sentiment de liberté ! Je prends la vie avec de plus en plus de légèreté (la plupart du temps) et ça fait du bien. Alors, pourvu que ça dure et… Happy 30 to me!

Crédit photo : Michiev